Histoire du Transsibérien : un rêve impérial devenu réalitéL’histoire du Transsibérien commence en
1891, sous le règne d’
Alexandre III. Le tsar et son ministre des Finances,
Sergueï Witte, sont convaincus qu’il faut relier l’immense Sibérie à la Russie européenne. Le projet n’est pas seulement technique : il s’agit d’un acte politique et géopolitique, destiné à peupler l’Est, développer le commerce et affirmer la puissance de l’Empire russe face à ses voisins asiatiques.
La construction avance par étapes, dans des conditions souvent extrêmes. En
1904, une première version de la ligne est mise en service, mais ce n’est qu’en
1916 que le Transsibérien est officiellement achevé, offrant une continuité ferroviaire de
Moscou à Vladivostok sur plus de 9 200 kilomètres. L’exploit est tel que l’historien britannique
Christian Wolmar écrit dans son livre
To the Edge of the World :
« La construction du Transsibérien représente une prouesse humaine et politique incomparable, un pont entre deux mondes. »Rapidement, la ligne devient un enjeu stratégique. Durant la
guerre civile russe, des forces étrangères, notamment les légions tchécoslovaques, contrôlent des tronçons entiers du Transsibérien. Plus tard, pendant la
Seconde Guerre mondiale, il sert non seulement de colonne vertébrale logistique à l’URSS, mais aussi de voie de passage pour certains réfugiés en quête de liberté.
À l’époque soviétique, son rôle reste central. Le Transsibérien assure l’unité d’un pays immense et participe au développement de régions reculées. Dans les années 1970–80, la construction de son « frère cadet » — le
Baïkal-Amour (BAM) — renforce encore cette stratégie de contrôle et d’exploitation des ressources de l’Extrême-Orient russe.
Pour approfondir cette épopée, on peut se plonger dans deux ouvrages complémentaires :
- Le récit passionnant de Christian Wolmar, To the Edge of the World: The Story of the Trans‑Siberian Express, où la dimension technique, politique et humaine du projet est explorée en profondeur.
- Pour un regard russe, en langue originale, la traduction de son livre en russe est disponible sous le titre « Транссибирская магистраль: История создания железнодорожной сети России », révélant comment cette ligne devenue vital s’est ancrée dans la mémoire et l’infrastructure nationales.
Ainsi, de l’empire tsariste à l’Union soviétique, le Transsibérien n’a jamais été une simple ligne ferroviaire : c’est une artère culturelle, économique et symbolique, reflet de la démesure et de l’ambition de la Russie.